Troisème Acte des Gilets Jaunes - Paris


J'ai fait escale à Paris pendant deux jours, je revenais d'Allemagne. Un ami m'a proposé un logement, et avait déjà fait une petite série sur les gilets jaunes, lors des deux actes précédents. Il m'a suggéré de le rejoindre pour les manifestations du lendemain.


Nous avons donc passé quelques heures dans l'après-midi à Paris, parmi les manifestants et les CRS.

Nous n’étions pas des habitués des manifestations, c'était la première fois pour moi. Au début, quand une horde de CRS te charge, l'adrénaline se répand en vous comme les lacrymos sur le pavé. Et puis on apprend à se positionner entre les deux parties de la foule, pour être le plus en sécurité possible, tout en ayant un bon champ de vision. 


Nous ne pouvions pas entrer dans la zone de non-violence car je portais un casque. Nous sommes donc restés place Saint Augustin, et sur le boulevard Malesherbes. Ce jour-là, c'est là que la plupart des affrontements ont eu lieu.


Après quatre heures de gaz, de cris et de foules mouvantes, nous sommes rentrés à pied, épuisés, presque toutes les stations de métro avaient fermé entre-temps.


Il est difficile d'accepter le fait que pendant le déclenchement, en regardant un instant dans le viseur de l'appareil photo, n'importe quoi peut vous tomber dessus et vous blesser. C'est un peu trop stressant par rapport à la photographie que je fais habituellement. Mais c'était une très bonne expérience; humainement, artistiquement et techniquement parlant.




Depuis quelques mois, et lors du voyage en Allemagne et en Hollande, je recherche la texture sur mes images, le grain, mais aussi les effets de surface sur les films, la détérioration. Ici, j'ai poussé le développement avec Rodinal et un temps de développement beaucoup trop long, volontairement. 


Il ne me restait qu’une Ilford HP5+ et Rollei RPX 400 dans mon sac, avec lequel j’étais parti un mois avant.


©Clément Marion tous droits réservés.
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