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Les falaises d'Ivry-la-Bataille imposent leur présence, à la fois majestueuses et menaçantes. Depuis des siècles, elles soutiennent le château et veillent sur le village, sculptées par le temps et les habitants, offrant des cavités où s'abritent hirondelles et chauves-souris. Aujourd'hui pourtant, leur stabilité vacille et avec elle, le fragile équilibre entre la nature et ceux qui y vivent.
Les éboulements survenus ces dernières années ont contraint la municipalité à réagir par des mesures drastiques. Deux arrêtés ont été pris : l'un interdisant l'accès aux terrains sous les falaises, privant ainsi de nombreux habitants de leurs jardins et dévaluant leurs biens immobiliers, et un second, plus absurde, interdisant… aux pierres de tomber. Derrière l'ironie de ce geste, cet acte de la maire a mis en lumière un problème qui semblait inévitable. Cet arrêté, lauréat du prix de "l'arrêté municipal le plus absurde" en 2023, est devenu le symbole d'une impuissance face à des forces naturelles, mais aussi d'une volonté désespérée de faire entendre une petite commune.
À travers le tirage Lith, j'ai cherché à capturer non seulement l'érosion visible des falaises, mais aussi l'usure invisible des liens entre les habitants, la municipalité et leur environnement. Le Lith, avec sa texture granuleuse et ses contrastes profonds, reflète parfaitement cette dichotomie : une beauté brute qui s'effrite lentement sous la pression du temps, des éléments et de l'Homme.
Ce projet documente non seulement la fragilité du paysage d'Ivry-la-Bataille, mais aussi la lutte de ses habitants face à des forces qui les dépassent. Chaque image devient ainsi une archive visuelle d'un équilibre précaire, une invitation à réfléchir à la manière dont le paysage, les éléments naturels et les actions humaines interagissent, et comment l'érosion, sous toutes ses formes, devient le fil conducteur qui relie ces forces.