Il était de ces jours que l’on passe habituellement sous une couette au chaud dans son lit.

La voiture, qui deux semaines durant était devenue le substitut de notre chambre, lit et cuisine serait parfaite pour passer ce jour-là au sec, malgré la pluie battante.


De la musique, sur toute la longueur de la journée et du trajet. Quelques discussions, finalement très peu de mots.


Les roues avalent l’asphalte. Au Canada, tout est encore en expansion. tout est encore à conquérir. Alors la route est toujours très large; les artères principales traversent les terres de part en part.


De Bonaventure au Sud de Gaspé, jusqu’à Québec, cette petite série photographique relate ce trajet particulier qu'a été celui d’une fracture dans le rythme d’un voyage, déjà bien entamé.



Pink Floyd qui diffuse. Parfois couvrant le bruit de la pluie, parfois se confondant parfaitement en rythme. Quelle ambiance.


Jamais ils n’avaient été si judicieux.




Parfois le déclenchement est systématique. Il offre la possibilité d’évacuer la réflexion et d’épurer la pratique photographique de la technique et se concentrer sur l’esthétique. Le beau, l’objectum, du Latin « ce qui est placé devant ».


Alors se crée une série d'événement étrange, le mystique, le mood - L’esprit. On le sent, on le sait, quelque chose se crée, nous en sommes témoins.


Là, je soupçonnais, sans plus de précision, que les photos que je réalisais seraient pour moi importantes, quelles qu'en soient les raisons. Les éléments avaient une façon d'ajouter de la beauté au banal.

Force de ces éléments, la pluie a été partie intégrante de l’esthétique du moment. Des gouttes d'eau, la voix de la météo sur le pare-brise, tandis que les voitures et les camions se précipitent vers leur destin inconnu, et à mesure que nous voyageons vers notre propre inconnu, au volant de nos machines comme pour conquérir le temps, nous nous rapprochons de l'infini.

©Clément Marion tous droits réservés.
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